Bref, mon
cadran a sonné à 6 heures 45. J'ai
pesé sur snooze pour dormir encore 10 minutes.
J'ai pas dormi 10 minutes de plus.
J'ai habillé les enfants, je leur ai fait des roulades au beurre d'arachide.
- Oh non !
Puis, j'ai ré-habillé les enfants.
Nous avons quitté la maison à 7 heures 52 et je me suis assuré que j'avais tout : mon sac de cuir avec le matériel usuel, mon sandwich pour le
diner, les travaux corrigé des groupes 28 et 31, les travaux non corrigés des groupes 27 et 25, mes 7 clés USB pour les travaux de mes 7 élèves dysleques dysphasiques ted & aspergers. Mon portable, deux boites de kleenex, les cartons de couleur, une barre tendre pour le petit Manu parce que Manu personne lui dit que c'est important de déjeuner.
À 8 heures 20 je suis arrivé à l'école. J'ai pris mes courriers, mes
courriels, mes messages, mes mémos, j'ai même pris le temps d'avoir des relations humaines harmonieuses au travail.
- Salut tout le monde !
- Salut.
- Dis-moi donc, c'est ce soir le plan d'intervention pour Jonathan ?
Comme je venais de lire l'information par courrier, par
courriel, dans un message et sur un mémo, j'ai dit :
- Oui, c'est ce soir
À 9 heures 10, le cours à commencé. J'ai dû gérer les élèves absents de la classe, les élèves absents dans la classe et ceux toujours en retard.
- Mon père...
Mon cadenas il s'ouvrait plus...
Ma
case voulait comme pas s'ouvrir...
Je voulais aller chercher mes affaires sauf qu'il était dans la
case de mon ami que je joue au basket avec.
Puis, j'ai parlé avec beaucoup de passion du mode de vie des romains et de leur ingéniosité en enrobant mon enseignement d'une touche d'humour.
- C'est aussi pour ça qu'on appelle ça de la laitue romaine !
- Hahaha !
On a commencé le super projet sur les inventions romaines que j'ai mis sur pied les soirs et les weekends pendant le dernier mois.
Les élèves étaient épanouis à l'exception de Stépanie qui était en peine d'amour, d'Étienne qui s'était couché trop tard et d'Éloïse qui s'interrogait sur le bienfondé de mon activité.
- Mais ça compte tu ça ?
La cloche a sonné, j'avais 10 minutes de pause. La pause était terminé. Les élèves sont arrivés.
J'ai parlé avec beaucoup de passion du mode de vie des romains et de leur ingéniosité en enrobant mon enseignement d'une touche d'humour.
- C'est aussi pour ça qu'on appelle ça de la laitue romaine !
Les élèves n'ont pas ri, j'ai gardé le silence. Ils ont gardés le silence. J'étais mal à l'aise. Ils étaient mal à l'aise. J'étais mal à l'aise que mes élèves soient mal à l'aise pour moi. Chloé m'a souri parce que elle a une sensibilité au dessus de la moyenne et que ses parents lui ont appris la compassion.
À midi j'ai rappelé les parents de Noémie, ils ont dit qu'une personne comme moi ne devrait jamais enseigner. J'ai été touché, je suis resté courtoise et professionnelle puis j'ai raccroché.
Ensuite j'ai appelé les parents de Martin, ils ont dit que je faisait la différence dans la vie de leur fils. J'ai été touché, je suis resté courtoise et professionnelle puis j'ai raccroché, avec un grand sourire.
À midi 10 j'ai attrapé mon sandwich et je suis allé à la réunion pour le voyage en para-scolaire. On a eu le temps d'être d'accord, pas d'accord, d'accord, pas d'accord, d'accord, mais pas de manger un sandwich.
Puis, j'ai couru jusqu'à ma classe parce que ce jour ci il y a de la récupération.
À 13 heures la cloche à sonné, j'ai reparlé des romains, mais comme Manu n'avait ni déjeuné ni diné, il a vomi. Je lui ai donné mon sandwich.
À 16 heures j'ai pris la parole dans un plan d'intervention pour aider Jonathan à retrouver son goût pour l'école et tant qu'a y être, ses cahiers d'intervention restés dans la
case de son ami avec qui il joue au basket.
Je suis resortie de l'école à 17 heures 12 en repensant que mes élèves, bin... Je les aime.
Bref, je suis un prof.
- Tu viens te coucher chérie ?